Camille LEVAUX
Pharmacienne hospitalière
« Au CHU de Liège, le contrôle qualité des poches de chimiothérapies est l’un des plus innovants de Belgique. »
Dans un hôpital, la pharmacie assure de nombreuses tâches : l'approvisionnement, le stockage, la dispensation, la préparation et le contrôle du médicament, ainsi que des missions complémentaires, définies en tant qu'activités spécifiques ou activités cliniques, visant à promouvoir une utilisation efficace, sûre et économique du médicament. Au CHU de Liège, le service Production et Essais cliniques prépare toute une série de médicaments, notamment les chimiothérapies et les médicaments en essais cliniques. Il assure également la fabrication de médicaments qui n’existent pas sur le marché belge. Cependant, les chimiothérapies représentent la principale activité de ce secteur.
Comment cela se passe-t-il ?
Après la validation de la prescription informatisée par le médecin, le pharmacien la contrôle à son tour et donne l’ordre de préparer la chimiothérapie. Celle-ci est produite au sein de la pharmacie hospitalière, dans des locaux appelés « Zone de production à Atmosphère Contrôlée (ZAC) ». Cette appellation signifie que la température, l’humidité, le nombre de germes et de particules sont strictement contrôlés et maitrisés. Au cœur de cette ZAC sont disposés des isolateurs. Il s’agit d’enceintes stériles à l’intérieur desquelles sont préparées les chimiothérapies. L’ensemble des produits et du matériel nécessaires à la préparation du traitement sont introduits dans le sas d’entrée de l’isolateur où ils subissent un cycle de stérilisation externe de 20 minutes avant d’être préparés de manière stérile dans le compartiment central. Ces dispositions garantissent, d’une part, la préparation de médicaments stériles et, d’autre part, la protection des manipulateurs.
Les préparations sont uniques et spécifiques. En effet, en oncologie, les doses prescrites varient pour chaque patient en fonction de leur pathologie et de leurs paramètres (poids, prise de sang, etc.). Le processus de fabrication d’une chimiothérapie prend environ 1h30 entre le moment où nous recevons la prescription et le moment où la poche quitte la pharmacie. Ceci garantit au patient un produit fini de qualité et « sur mesure ».
A la fin du processus, chaque poche fait l’objet d’une analyse minutieuse au sein de l’unité de contrôle qualité. En effet, pour chaque poche de chimiothérapie terminée, un échantillon de très faible volume est prélevé et analysé via une technique de pointe qui prend 90 secondes par prélèvement. Elle consiste en l’analyse qualitative et quantitative de chaque poche, autrement dit elle permet de garantir que chaque patient reçoit le bon médicament, à la bonne dose dans le bon solvant.
Une fois la chimiothérapie libérée, elle est acheminée vers le service. Ce transport est assuré par une aide logistique ou via un transport pneumatique, aussi appelé télétube. Dans ce deuxième cas, la poche est placée dans une cartouche qui est sécurisée et tracée : le produit, le service de l’hôpital, le numéro unique de la cartouche ainsi que l’identification du préparateur sont scannés à l’envoi de celle-ci afin de garantir la traçabilité du médicament au sein de l’hôpital.
Quel impact l’ICAB a-t-il sur la préparation des chimiothérapies ?
Depuis septembre 2020, le service de Production de la pharmacie hospitalière occupe de nouveaux locaux qui permettent de travailler dans une nouvelle zone de production à atmosphère contrôlée. Beaucoup plus volumineux qu’auparavant, ce nouvel espace répond aux normes PIC/S (normes de qualité définies par l’Arrêté Royal du 30/09/2020) et est prêt à assurer la croissance du service d’Oncologie de l’hôpital. L’ouverture de l’ICAB, qui pourrait amener une augmentation de la production des chimiothérapies, a donc déjà été anticipée afin de continuer à garantir un traitement sûr et de qualité pour chaque patient.
Visite virtuelle de la salle blanche
Vidéos relatant notre activité étape par étape :
